Nous devrions développer la douceur des nuages et la fluidité de l’eau.
C’est par l’écriture consciente, en y engageant corps et esprit, que l’on pourra se ré-écrire.
Se ré-écrire permet de changer les caractéristiques qui sont les nôtres et qui nous empêchent d’être en harmonie avec les êtres et les choses.
Les anciens grecs parlaient de « kallos graphein », la « belle écriture ».
Écrire, c’est avant tout exprimer notre vraie Nature, celle des images, des signes et des codes que les hommes utilisaient bien avant le langage.
S’exprimer par la gestuelle de l’écriture nous oblige à entrer dans le silence des pensées car, au moment même où l’on écrit, le passé et le futur n’existent plus. Le temps de la pensée vagabonde et dispersée prend fin.
Le temps est la pensée, avec un « avant », le « passé, et un « après », le « futur ».
Ici, à chaque trait de plume, le temps se renouvelle sans cesse.
Se renouveler soi-même nous permet de sortir d’une mémoire répétitive et fatigante.
En ce sens, l’écriture équivaut à l’Assise du Bouddha.
L’attitude du corps-esprit doit être correcte, corps et esprit sont totalement engagés au point que l’écriture nous pénètre et nous ré-écrit.
En nous ré-écrivant, nous nous connaissons. C’est comme se mettre devant un miroir pour nous contempler nous-même.
A travers l’écriture, nous pouvons nous corriger nous-même, observer tous les aspects de notre esprit. Lorsqu’on écrit, on ne cherche pas à être un bon calligraphe ni à réussir la « belle écriture ».
Il s’agit seulement de donner aux lettres leur vrai caractère et à notre esprit son véritable espace de paix et de bonheur. L’écriture se fera belle d’elle-même, lorsque nos obstacles perturbateurs se transformeront en nuage et eau.
Ce style a été emprunté aux styles spencerian et zanerian américains qui, eux-mêmes, ont pris comme base de leur alphabet le copperplate anglais et l’onciale française ornementale.
« Nuage et eau » est notre nature d’être en ce monde car toute chose est vide de nature et s’écoule sans laisser de traces.