L’être humain se prend pour le plus intelligent et le plus évolué de toutes les espèces sensibles vivant sur la terre, dans les airs et dans les eaux.
C’est pourtant l’espèce humaine qui est la plus destructrice de toutes les autres espèces.
De plus, elle est la seule à développer l’orgueil, la vanité, la méchanceté, la jalousie, l’avarice et bien d’autres défauts dont elle n’est même pas consciente.
Il n’y a pas que les dauphins et les éléphants qui sont doués de conscience et d’intelligence.
Tous les êtres différents de lui vivent chacun dans une dimension à laquelle l’homme n’a accès ni par le langage, ni par le savoir, ni par l’expérience, ni par la sagesse, aussi profonde soit-elle.
Certaines traditions bouddhistes prétendent que les animaux sont des réincarnations de mauvaises personnes qui ont commis des crimes. Quelle absurdité et quelle imagination ! Comment peut-on porter autant de stupidité dans l’esprit ?
Si toutes les existences possèdent la Nature du Bouddha, alors quelle différence fondamentale y a-t-il entre le règne animal et le super règne égocentrique de l’humain ?
Les animaux des trois sphères, terre-ciel-eau, ont-ils besoin d’un smartphone pour vivre ? Ont-ils besoin d’un compte en banque, d’une voiture, d’un avion, d’une machine à laver et que sais-je encore ?
Durant quatre siècles, les anglais ont pourchassé les nations indiennes qui vivaient en paix.
Pour ces anglais devenus américains, les natifs n’étaient que des animaux, des sauvages qu’il fallait, soit transformer en bons chrétiens, soit exterminer. Ce fut leur exact discours.
Alors je pose la question : Qui des deux était le plus sauvage : l’homme blanc exterminateur ou le natif ?
Ensuite, tous ceux qui n’ont pas été exterminés, tous ceux dont on a volé les terres, ont été parqués dans des réserves, réserves qui existent encore au moment où j’écris.
Si ce que certains bouddhistes prétendent était vrai, ces monstres humains devraient renaître dans la peau d’un animal pour payer leurs méfaits. En réalité, cette renaissance ne serait pas une punition mais une libération.
Aucun être humain ne peut renaître sous une forme animale à part peut-être celui qui défendrait cette thèse.
Imaginez un Staline ou un Hitler prenant la forme d’une biche comme punition ?…
Nous devons prendre soin de nos frères et sœurs, peu importe leur forme ou leur taille.
Pour cela, nous devons ouvrir notre cœur à toute forme vivante. Et même s’il s’agit d’une pierre, nous devons la respecter de la même manière que notre robe, notre Kesa ou nos sandales.
Certains pensent que je fais dans le sentimentalisme. Pourtant, aucun de ces penseurs ne souhaiterait qu’un géant vienne prendre sa vie si précieuse.
Personne ne souhaite être torturé ou tué. Il en est de même pour le moindre petit insecte. Lui aussi est à la recherche du bonheur et a droit à la vie tout comme nous.
Qu’est-ce que l’intelligence ? Qu’est-ce que la sagesse ? Où commence l’intelligence et où finit la sagesse ?
Ce ne sont que des notions discriminatoires.
Si l’homme cessait de catégoriser, de se cacher derrière des vérités, s’il détruisait ses points de repère en se mettant à nu et en ouvrant la totalité de son cœur, alors il deviendrait un homme.
Finalement, qu’est-ce qu’un homme tel que les hommes se l’imaginent ? Ce n’est que 80 kg de viande, de chair, de poils et de sang. Est-ce que cela ne ressemble pas à ce qu’est un animal ?
Pourquoi se donner autant d’importance ?
Quand la mort surviendra, toute cette matière et toutes ces consciences tomberont en poussière.
A quoi bon, alors, faire autant d’histoire au sujet de l’humain ? Qui croit-il donc être ?
Aussi, je plains de tout mon cœur les aveugles qui pensent que la mort met fin à tout et qu’il faut par conséquent profiter de la vie au maximum.
Je plains de même ceux qui pensent que la mort n’existe pas et qui ne font rien pour se libérer de leur mémoire passée.
Je plains enfin l’humanité toute entière d’être si vaniteuse, si orgueilleuse et si égocentrique.
On n’échappe pas à sa mémoire ni à ses actions car la mémoire est éternelle.
Je vous prie de moins écouter votre tête et de vous en remettre davantage à votre cœur.
Puissent mes paroles ne pas être vaines.
Puissent mes prières atteindre vos cœurs.